Année blanche, couleurs du cinéma :

« Quand on aime la vie, on va au cinéma », cette formule bien connue de JL Godard pourrait s’appliquer parfaitement à l’architecture, qui a rencontré le cinéma dès sa naissance, pour ne plus le quitter. Depuis les films expressionnistes allemands, dont les décors nécessitait l’intervention des architectes (cf. Le cabinet du docteur Cagliari), des cinéastes russes dont la créativité a permis de croiser la ville et le regard (Dziga Vertov, L’homme à la caméra), aux fictions urbaines (Métropolis) souvent dystopiques (Blade runner), du cinéma vérité italien (Rome ville ouverte ) à la nouvelle vague (Ascenseur pour l’échafaud) et aux créations contemporaines (Parasites ou Derniers jours à Shibati), le cinéma a associé à ses images filmées la ville d’une façon devenue incontournable de nos jours.

Porteurs de sens et de culture, le Cinéma et l’Architecture possèdent chacun la capacité d’imaginer l’espace habité qui enveloppe toute activité humaine. Beaucoup de points communs les rassemblent : le cinéma développe communément avec l’architecture la réflexion, la conception, la créativité, le plan libre, le point de vue. Ecran de cinéma et écran architectural font bon ménage, mouvement des images et fluidité des parcours architecturaux se rejoignent dans une perception complémentaire, esthétique filmée et approche sensible de l’architecture se confrontent à une même recherche d’émotions. Filmer l’espace habité et définir l’espace habité se complètent dans la mise en forme de la pensée.

En tant que catégorie particulière le film d’architecture donne à voir les villes, l’aménagement du territoire, l’espace vécu, les habitants, paradoxalement de façon très concrète. C’est pourquoi les architectes d’aujourd’hui produisent des films, commandent des films, se montrent dans des films, expliquent leur démarche, leur vision du monde, transmettent par l’image filmée leur engagement. La soirée que nous avons consacrée à Manuelle GAUTRAND en est l’exemple. Il ne s’agit pas seulement de communication qui serait portée par un support médiatique filmique ou de film promotionnel dont la forme se distingue très facilement. Il est indéniable que ces arguments coexistent dans la réalisation d’un film d’architecture. Mais c’est surtout que le film d’architecture se présente de nos jours comme un médium essentiel pour la transmission de la connaissance architecturale et l’appréhension du vivant dans son milieu architecturé.

A l’ère de l’image animée, l’architecture essaie à travers le cinéma de susciter l’émotion du spectateur, elle tente de rendre la poésie des lieux palpable, elle cherche à capter la transmutation de la matière en désir, elle restitue les pensées des êtres derrière les murs. En forme de clin d’œil, entendra-t-on dire bientôt : « Quand on aime l’architecture, on va au cinéma ! »

Intitulées Année Blanche, avec une affiche haute en couleurs, les 22e rencontres Internationales du film d’architecture auront lieu le jeudi 18 et vendredi 19 novembre au Mikado Novel, puis dans Six communes de la Haute-Savoie en Hors les murs.

Venez nombreux… La MA74 n’attend plus que vous, le rideau va se fermer sur la magie animée…

Bon Festival !

José Villot, président de la MA74