L’architecture et les crèches de Noël :
Le mois dernier a vu s’édifier dans beaucoup d’endroits du monde un grand nombre de ces constructions de petites dimensions sous forme de maquette, nommées familièrement les crèches de Noël, placées dans les foyers de famille pour qui le mois de décembre doit être célébré par ces représentations de scènes bibliques, mais aussi dans d’autres lieux, cultuels et/ ou publics.
Une Soukkah, exemplaire du XIX conservé, est visible au musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme de la ville de Paris. Il s’agit d’une cabane primaire démontable, quatre murs de bois entièrement peint à l’intérieur de récits bibliques, surmontée par un toit de paillage au travers duquel passe la lumière des étoiles et la parole du ciel. Déjà une construction primaire liée à un récit ancien.
La crèche trouve à priori son explication historique dans la maison israélite ancienne comprenant une étable au niveau de sa cour centrale sans toiture. La chaleur qu’elle maintenait en son centre grâce au paillage des animaux et à leur fourrure, ainsi que la discrétion permise par l’espace ainsi protégé ne pouvaient que trouver écho dans un récit originel. Il s’agit bien là d’un dispositif architectural utérin dans lequel l’animal et l’homme peuvent naître, grandir, s’élever, mais aussi s’ouvrir au monde extérieur. Plus tardivement les fermes de nombreuses régions montagnardes ont bien connu cette relation étroite entre animaux en étables proches des habitations pendant de nombreux siècles.
La créativité des foyers s’est d’abord tournée vers la simplicité pour édifier les crèches de Noël. Un fond plein, deux retours plus ou moins ouverts offraient ainsi une meilleure perception du sujet narratif : L’étable est devenue une grotte, façonnée par des galets maintenus ensemble ou du papier peint de ton brun ressemblant aux rochers. L’imaginaire gardait son récit premier, une naissance attendue au centre d’un espace amniotique primal.
Comme l’architecture, les communautés devenus plus complexes ont diversifié leurs constructions sans changer le récit ; D’un abri de roches en papier, la crèche est devenue en majorité construction en bois, notamment dans les pays scandinaves. Des chalets ont vu le jour, comprenant de nombreuses variations : ferme en bois, maison, toiture végétalisée en pente, toiture à un seul pan, charpente apparente, ajouts d’échelles, de garde-corps… Le contexte paysager a fait son apparition ; collines, rocailles, arbres, petits lacs de verre teintés, neige…
Certaines époques ont utilisé la science mécanique pour rendre le récit encore plus réaliste. Les personnages se sont animés, des personnages secondaires ont représentés des métiers de l’époque, des animaux exotique sont fait leur apparition au gré des découvertes des grands voyageurs: girafes, rennes, hippopotames. Certaines crèches se sont chargées de baies vitrées pour une approche plus contemplative, d’autres ont trouvé dans le temple romain miniature la meilleure expression du passé antique, certaines ont côtoyé le mythe du paradis perdu, à l’image du jardin persan ceint de murs.
Plus en prise avec notre époque, des crèches ont été déclinées de façon archétypale, exprimées dans un design sobre de type IKEA minimaliste, éclairées par des leds, tandis que d’autres, plus baroques, sont devenues des petits villages, agrémentées de céramique, ou d’arceaux de bois stylisés. D’après Mies Van der Rohe, » L’architecture est la volonté d’une époque traduite dans l’espace » … Pour Richard Scoffier, « les espaces amniotiques d’aujourd’hui semblent favoriser l’inattendu, l’imprévisible « …
Pour 2023, Je vous souhaite une année généreuse en toutes choses, et sublimée par l’Architecture…
José VILLOT, Président MA74